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 Le sort d'Abel

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cheguevarra
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cheguevarra


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MessageSujet: Le sort d'Abel   Le sort d'Abel EmptyDim 14 Aoû 2022 - 10:00



Extrait des chroniques des derniers gardiens d'Excalibur.

L'exécution d'Abel


«  Devant tous les citoyens ici réunis, je réclame mon droit à la justice populaire... »  

La voix de celui qui n’avait pas hésité à convoquer un démiurge pour lui demander des comptes, était ferme et claire.

« Démiurge Malabar, je te convoque à la barre du tribunal du peuple pour y confesser l’injustice que je subis de ton fait et pour qu’il y soit remédié sans délai... » poursuivit il sans hésiter.

Assis sur son trône, le démiurge croquait dans une pomme, l’air détaché et nonchalant, écoutant d’une oreille distraite le plaidoyer d’Abel, qui avait réclamé d’être entendu devant les badauds assemblés, au beau milieu de la place des despotes éclairés. Non loin de lui, Mohmoh assis en tailleur sur l’estrade, s’employait à regrouper les cubes d’un jeu de construction, en fonction de leur couleur.

Dans la foule bruissait le murmure de conversations étouffées.

Hermann grommela, « Je n’aime guère cet Abdel là... »  

« Abel !... » rectifia son voisin.

« Peu importe, il n’est pas de chez nous... »

« C’est un hybride, non ? »  

« Peut être mais son hybridation est à peine commencée et on ne sait pas bien encore ce qu’elle va donner… Il n’est pas clair, je ne l’aime pas »

«  En tous cas, il s’y prend très mal, c’est certain. Son combat restera vain… »

«  Assurément, tu aurais procédé autrement, agrippé au mollet de Malabar des mois durant » repris l’autre, goguenard.

« La fin justifie les moyens » conclut Chafouin.

Un peu plus loin, le visage caché sous la capuche de leur robe de bure, deux individus échangeaient à mots couverts

« Il a à plusieurs reprises affiché une forme d’admiration pour les tenants de l’hérésie. Ce ne serait pas plus mal qu’il en paye le prix. Et si son clan le suivait, à l'approche du crâne évidé, ce serait parfait. Poursuivez comme prévu » dit l’un des deux d’une voix chevrotante qui pour l’observateur averti aurait trahi tout à la fois, son sexe son age et son clan…

« De tous les inquisiteurs, vous êtes assurément la meilleure. Il sera fait comme vous le souhaitez, maîtresse » répondit l’autre avant de s’éclipser sans attendre la fin du procès.

Abel toisait Malabar …

«  Soit tu me rétablis immédiatement dans mes droits et prérogatives de citoyen de la Cité, soit tu me fais exécuter sur le champs »

Le démiurge prit le temps de proposer le restant de sa pomme aux premiers rangs devant l’estrade

« Allez, le premier, le troisième et le sixième qui  crieront mon nom, se partageront le trognon… »
Et pendant que ces derniers s’écharpaient, il se tourna enfin vers Abel.

« Abel, tu es un frère, tu le sais. Tu as toujours gardé un œil bienveillant sur moi et je t’en sais gré. Il n’y a rien dès lors que je ne saurais t’accorder »

Dans l’instant, deux chevaliers noirs se saisirent du plaignant et sans ménagement le forcèrent à s’agenouiller, la tête en avant, posée  sur le billot. Un troisième la lui trancha et elle roula jusqu’à Mohmoh.

« Je peux la garder pour jouer ? » demanda ce dernier.

«  Non, avec ses grandes oreilles, elle n’est pas assez ronde. Nous te donnerons un vrai ballon »

C’est ainsi qu’en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, Abel passa de vie à trépas.


Un silence pesant s’abattit sur la place des despotes éclairés. L’incrédulité se lisait sur les visages atterrés.  Tout s’était passé si vite. Abel, l’esprit vif et enflammé, déclamait un discours endiablé et l’instant d’après, sa tête roulait sur le plancher…

Une clameur monta peu à peu de la foule qui sortait lentement de sa torpeur…  Chez beaucoup se mêlaient des sentiments confus de stupéfaction, d’incompréhension, de réprobation et d’horreur.

« Pourquoi oh seigneur, avoir occis cet homme de valeur ? » ;« Il était dur au labeur, pourquoi un tel malheur ? » entendait on de-ci de-là dans la foule en pleurs.

Parmi les intervenants, on reconnaissait aisément ceux de son clan…

« Malabar, espèce de nouille, trucide moi aussi si t’as des couilles... »

Pour éviter la cacophonie, on décida que l’on donnerait la parole à celui qui la demanderait...

Softboiledegg  fut le premier . Il rejoint d’un pas alerte l’estrade sur laquelle il bondit et atterrit à pieds joints. On salua l’agilité.

« Mes amis, vous me connaissez, je ne prends jamais parti. Vous pouvez donc vous fier à mon avis. Abel était lui aussi un ami et sa mort nous cause un chagrin infini mais ne nous laissons pas aveugler par ce funeste sort car il a simplement choisi et le démiurge a seulement consenti. A ceux qui nous disent Vox populi, vox dei, je réponds vox dei, vox populi. Ce n’est que sagesse si nous voulons que la vie nous sourie. »

Nombreux furent ceux qui restèrent interdits, n’étant pas sûrs d’avoir compris.

« Voilà qui est fort bien dit » conclut le démiurge.  Puis en aparté, « dis moi, toi qui t’y connais, tant que tu es ici, tu n’aurais pas une recette de sauce pour accommoder mes pommes de terre sautées ? »

« Certainement et je vous la ferai parvenir incessamment » répondit il en saluant.

Un autre sauta sur place en agitant les bras. On le laissa s’avancer.

« Moi aussi, vous me connaissez … »

« Non, t’es qui ?… »  ;  « C’est qui lui ?... »

« Mais enfin, je suis Martin » tonna t il excédé.

« Mais oui tu sais bien », en souffla un à son voisin, « c’est le fameux Martin, qui se mire du soir au matin... »

« Ah, l’âne marin ? »

« L’ancien… »

« Va t il vraiment falloir écouter tous les crétins qui lèveront la main ? A ce train, nous en aurons jusqu’au lendemain »… s’exclama un petit malin.

A ce bon mot, on s’esbaudit, ravis de se libérer quelque peu l’esprit.

Martin allait reprendre enfin quand résonna soudain le son de trompettes et de tambours. Une sorte de procession arrivant d’un pas lourd retint alors toute l’attention.
Contretemps, dans sa litière, arrivait au pas lent de quatre porteurs choisis parmi ses congénères, et le reste de ses gens suivait non loin derrière.
Il renonça d’emblée à s’extraire de la litière et se leva sans plus de manières. Deux olibrius de son clan se tenaient à ses côtés l’éventant en agitant des feuilles d’eucalyptus.

« J’étais en chemin lorsque j’ai appris par hasard la nouvelle du procès intenté mais je vois que j’arrive trop tard. C’est pour moi un grand désespoir. »  

Dans son coin, Martin s’assit en maugréant « M’enfin ! ...Du brun ! »
« Chuuuut, tais-te, tiot! » lui suggéra un sien parent.



Contretemps claqua des doigts et une trentaine de musiciens se rassemblèrent avec leurs instruments dont une vingtaine de violons. Ils se mirent à jouer sans discontinuer tout au long de la funèbre oraison.

https://www.youtube.com/watch?v=baSzgMREzGI    

« Adieu Abel ,

Nous avons été privés du plaisir de pouvoir te le dire posément, d'échanger une dernière fois avec toi, de te souhaiter bonne route, avec toi encore une fois, de casser la croûte, de partager à tes côtés, un dernier instant, le soupçon d’un moment... Il faut vraiment croire que le vent glacial qui souffle sur cette Cité ces derniers temps, ne souffre aucun jugement... 
»

En entendant parler de vent glacial, les deux serviteurs cessèrent de concert d’éventer Contretemps qui tout en poursuivant, leur jeta un regard noir. Soudain confus et blafards, ils reprirent sur le champs.

« ... Nombreux sont ceux déjà partis, et c’est ton tour aussi maintenant... La cité se vide, sans détour, dans le chaos ou le silence, d'une même main, pleine d'indifférence.
Mais peu importe, puisqu'on n'y peut rien, et que des écus par millions, auront tôt fait de faire passer ce mauvais temps pour quelques banales précipitations...
 »

Les deux mêmes levèrent les yeux vers le ciel et observèrent qu’il était bleu et bien amène, pas un nuage, pas une once de vent. Ils échangèrent un regard perplexe, sans s’interrompre un instant.

« ...Et puis s'il le faut, on en estourbira d'autres, et on distribuera à nouveau des présents, aux plus dévoués, éperdument... Bientôt, il ne restera plus que le roi, et sa cour... Oh mes excuses Monseigneur, vous n'êtes pas celui-là, vous n'êtes que le Prince, bien triste prince d’ailleurs... Non ? Vous vous rêvez Grand Inquisiteur ?! Effectivement, belle référence, le costume, le zèle, l'acharnement, tout y est, belle performance !

Quoi qu'il en soit, quoi qu'il en coûte... Ne nous cachons plus, en pleine déroute, ce n'est plus la peine. L’histoire est déjà écrite, et l’encre est déjà séchée, que l’on a prélevée sur les corps ensanglantés.

Merci à toi Abel, tu resteras un grand seigneur de cette cité. Tu as contribué à me former et à en former bien d’autres ici bas, nous ne t'oublierons pas, merci et bonne route à toi.

Bientôt, quand il ne restera plus rien, qu'un à un, nos compagnons de combat seront tous partis, nous nous réveillerons, et nous nous demanderons, pourquoi ?  Cela en valait-il vraiment la peine ? Assoupis pour toujours ou jetés dehors comme des chiens, nous aurons tous payé, un prix bien trop élevé, pour des gens de biens.

Comme le disait Jean Lourson, de notre noble maison,  Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents, dans la mémoire des vivants.
 »

« Qu’il continue comme ça et lui aussi sera bientôt présent dans la mémoire des vivants… »  murmura Malabar.

« Adieu mon noble ami, adieu… Là où tu es, nous te souhaitons d’être heureux…. » et dans un dernier sanglot qui émut aux larmes l’auditoire,   « Nous ne t’oublierons jamais... Dans un monde meilleur, sans tourments ni heurts, nous garderons l‘espoir de te revoir.»

Les larmes coulaient sur les visages attristés des habitants de la cité.  L’éloge avait produit l’effet escompté. Chafouin lui même en avait la goutte au nez alors qu’il n’était en rien concerné.

Une dame visiblement affligée par le chagrin, sans fard, interpella Malabar.

« Son destin était prometteur, il aura été bref car par votre main, vous y avez mis fin
Il n’y aura pas de demain pour moi, le goût du pain est à jamais altéré par un simple pépin.
Vous l’avez occis. Je souhaite que sans délai, il en soit de même pour moi aussi.
Adieu Berthe, direz vous tous sans entrain dès le jour prochain quand je l’aurai rejoint. 
»

Dans l’assemblée, certains perplexes eux aussi, se demandaient quelle était cette histoire de pépin.

Le démiurge songea que la communauté n’avait jamais autant mérité le sobriquet dont les hérétiques aimaient à l’affubler… La cité des pleureuses... Il jugea qu’il en avait assez entendu et que cela ne lui avait pas vraiment plu. D’humeur peu joyeuse, il décida promptement d’une réponse lapidaire et sans mystère. Il se leva et attendit que le silence se fît.

« Vous n’êtes pas en démocratie, vous êtes en théocratie... Vous êtes comme des enfants, nos enfants... et nous les démiurges, pour vous, nous sommes bienveillants comme des parents…souvent trop bienveillants...  Vous avez besoin d’être aimés, guidés, éduqués. C’est pourquoi nous avons instauré une dictature éclairée qu’il vous faut respecter, honorer et bien sûr, financer. Rien ne vous est jamais imposé. Vous avez toujours le choix… Mais les actes une fois posés, il vous faut les assumer. Abel a refusé. Il s’est rebellé. Il s’est enferré. Son exécution est le fruit de sa seule décision. Il aurait pu choisir d’être un bon garçon. Il n’en a rien fait. Disparaît il à jamais ? Non car nous sommes bons et miséricordieux et des cieux nous pouvons le rappeler. Il suffit pour lui de le demander, de s’excuser et de s’amender. Un soupçon de dévotion et quelques allocierges peuvent aussi aider… N’avons nous pas ressuscité Trésaltéré il y a à peine quelques années ? »

Chafouin courut se jeter aux pieds de Malabar pour mieux se prosterner et les couvrir de baisers.

« Malabar a dit vrai. Moi même j’ai recouvré mes titres et mes terres après bien des années. J’ai simplement fait part de mes regrets pour m’être mal comporté et les démiurges m’ont pardonné… D’ailleurs ,» poursuivit il en murmurant à l’adresse de Malabar seulement, « peut être pourrais je espérer récupérer prestement ma fonction d’inquisiteur et les émoluments afférents ? »

« Et un peu de beurre également ? »

«J’avoue qu’avec le traitement auquel, avec vous, il me faut souvent me soumettre, ce pourrait être pertinent. »

« Tu devrais transmettre ta demande à Henry… Qui sait,  peut être en sera t il ravi ?»  Le visage de Chafouin se rembrunit.

Les cloches venaient à l’instant de sonner les vêpres, il n’était que temps d’aller manger

« Rentrez, nous avons bien assez pleuré et il est l’heure de se sustenter… C‘est important, croyez m’en. »

La foule se dispersa et chacun rentra chez soi.

« Allez on y va Mohmoh , Tu as faim toi aussi ?  j’espère qu’il y aura du gigot. »

« Oh oui… avec des fayots, tu crois ? »

« Pourquoi pas... »

La tête du supplicié était sur le plancher, qui les regardait s’en aller. Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, je reviendrai... Tout sera nettoyé, l’estrade démonté et tout sera oublié.

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